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79ème anniversaire de la victoire du maquis du Lomont

En ce dimanche 10 septembre 2023 au Lomont, devant le monument du Passage de la Douleur, il s'agissait de célébrer le 79ème anniversaire de la victoire du maquis. Cela faisait plusieurs mois, que les membres de l'association "Mémoire et Souvenir de la Résistance du Pays de Montbéliard et du Lomont" préparaient cette importante cérémonie. Tout était fin prêt pour que cet Hommage aux Morts du Maquis du Lomont se déroule sans anicroche. De plus, nous avions la chance de bénéficier d'une météo très favorable.

Depuis 14h30, les premiers bénévoles de l'association installaient le dispositif de sécurité VIGIPIRATE, en collaboration avec les gendarmes dépêchés sur les lieux. Le personnel du département venu fermé les accès routier à l'heure dite était au rendez-vous, ainsi que celui de la municipalité de Mandeure en charge de la logistique de l'événement, installation du mât des couleurs, drapeau, sonorisation, pupitre, chaises, bancs, barrières, etc. Progressivement la tranquillité de la clairière faisait place à une certaine agitation, entièrement tournée vers la mise en œuvre de la cérémonie. Après le balai des livreurs de gerbes des fleuristes locaux, s'engageait le délicat rangement des gerbes selon le respect du rang protocolaire. Progressivement nous pouvions constater l'arrivée d'autres acteurs du dispositif, les musiciens de la Vigilante d'Audincourt, les militaires du Piquet d'Honneur du 1er RA de Belfort, les secouristes des sauveteurs en mer, de nombreuses personnalités civiles et militaires et une belle représentation d'un public fidèle à cette commémoration. Durant cette mise en place, à partir de 15h00, les personnes intéressées par l'histoire du maquis du Lomont pouvaient aller à la rencontre de Jean-Pierre Marandin, l'historien de l'association, pour poser leurs questions et échanger sur cette période particulièrement troublée de notre histoire, Jean-Pierre partageant volontiers son expertise avec l'auditoire présent.

Alors que le Piquet d'Honneur se mettait en place vers 16h30, la cheffe du groupe, la Maréchale des logis Barth, partageait avec le maître de cérémonie le Lieutenant-colonel (er) Guy Baguerey le contenu du cérémonial et ajustaient leurs interventions. C'est à 16h50 que le LCL Baguerey lançait le protocole de sécurité Vigipirate avec un premier appel à la vigilance.

Quelques minutes avant le début de la cérémonie, se mettait en place au pied de l'escalier qui mène au parvis du monument, le rang protocolaire formé par Mme Sylvie Siffermann Sous-préfète de Montbéliard, Mme Géraldine Grangier Député de la 4ème circonscription du Doubs, Mr Arnaud Marthey Conseiller régional, Mme Christine Bouquin Présidente du Conseil Départemental du Doubs et Mme Catherine Meunier Maire de Pierrefontaine-lès-Blamont. Les militaires étaient représentés par le lieutenant-colonel Damien Mathieu, commandant en second le groupement de gendarmerie départementale du Doubs et le lieutenant-colonel Thierry Chipaux, Délégué Militaire Départemental Adjoint et Président de la cérémonie.

Le LCL Baguerey, maître de cérémonie, après avoir présenté le contenu du cérémonial, invita les autorités à monter l'escalier qui mène à la plate-forme où se dresse l'imposant monument, celles-ci se plaçant face à lui. 

A 17h00 précise, la cérémonie pouvait débuter avec l'accueil de l'Autorité Militaire qui Préside la cérémonie, avec les Honneurs militaires rendus au lieutenant-colonel Thierry Chipaux représentant le Général de Division Pierre-Yves Rondeaux.

Cela étant fait, il s'agissait maintenant de Monter les couleurs, cérémonial réalisé par Jean-Marie Ali, membre de l'association et Président du Comité de Montbéliard du Souvenir Français. « Garde à vous, présentez-armes. » « Attention pour les couleurs, envoyez. » Au drapeau ! La Marseillaise. « Repos. »

Enfin le maître de cérémonie enchainait en prenant la parole pour prononcer le mot d'accueil et introduire la lecture des textes sur la Mémoire de la résistance : « Mme Sylvie Siffermann Sous-préfète de Montbéliard, Mme la Député Géraldine Grangier, Mr Arnaud Marthey Conseiller régional, Mme Christine Bouquin Présidente du Conseil Départemental du Doubs, Mmes et Mrs les conseillers régionaux et départementaux, Mme Catherine Meunier, Maire de Pierrefontaine-lès-Blamont, Mmes et Mrs les Maires, Maires Adjoints et conseillers municipaux, Mrs et Mmes les Officiers, Sous-officiers et militaires de la gendarmerie et de l'armée française. Merci à vous tous de nous honorer de votre présence à cette cérémonie de mémoire du maquis régional du Lomont. La résistance française a débuté le 18 juin 1940 avec l'appel fondateur du Général de Gaulle à la BBC. Nous écoutons cet appel. »

Ecoute du texte de "L'Appel du 18 juin 1940" du Général de Gaulle radiodiffusé par la BBC : « Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement. Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s’est mis en rapport avec l’ennemi pour cesser le combat. Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l’ennemi. Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd’hui. Mais le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non ! Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n’est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire. Car la France n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l’Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l’Angleterre, utiliser sans limites l’immense industrie des Etats-Unis. Cette guerre n’est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n’est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n’empêchent pas qu’il y a, dans l’univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd’hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l’avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là. Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j’invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d’armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec moi. Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas. Demain, comme aujourd’hui, je parlerai à la Radio de Londres. »

Le discours terminé, le LCL Baguerey reprenait la parole : « Après cet Appel, l'entrée en vigueur de l'armistice, avec la mise en place des contraintes et les répressions de l'occupation, et le STO, la résistance intérieure française se mit en place. Les groupes de résistants se formèrent secrètement dans toute la France. Cette année, on citera en particulier la région d'Héricourt, avec le groupe de résistance Doubs Lizaine, qui rassemblera jusqu'à 600 résistants, dont 500 monteront au maquis du Lomont, en deux phases, les 19 et 29 août 1944. Parmi eux, Emile Hauthal a retenu notre attention. Son fils, Pierre, témoigne. »

Intervention de Mr Pierre Hauthal : « Voici le récit que mon père a souhaité laisser à ses enfants et à la postérité. En 1940, j'avais 20 ans et vivais à Chenebier. Réfractaire au STO, je me cachais au village. J’ai intégré la résistance à l'occupant très forte dans le secteur Doubs-Lizaine. Le 19 août 1944, averti, j'ai rejoint les bois de Laire vers Héricourt, où 19 camions nous attendaient. J'ai été affecté à une section de la compagnie DL du lieutenant Charles Demougeot qui comprenait plus de 180 résistants. A la tombée de la nuit, les camions sont partis vers le maquis du Lomont. Arborant des drapeaux tricolores, ils étaient chargés de vivres, d'armes et de munitions parachutées, le tout sous nos pieds. Au passage de Colombier-Fontaine, le convoi a été bloqué au passage à niveau, par un poste de 8 Allemands de garde. Un de nos résistants habillé en Feldwebel et parlant Allemand a fait lever le barrage, peut-être aussi la peur a-t-elle joué devant l'importance du convoi. Vers minuit, nous sommes accueillis par quelques centaines de maquisards. J'ai été affecté à la 4ème section du sous-lieutenant André Mettetal, au groupe du sergent Legrille. Nous occupions les bois les bois au-dessus de Montécheroux face à la Tour Carrée. Je vivais sous les arbres et sur le sol humide. Le 22 août, soudain, vers 7 heures, j'entends des crépitements de mitrailleuses et des bruits de chars allemands. Rapidement, je suis ma compagnie qui prend position sur le versant de Pierrefontaine. Dans l'après-midi, un violent combat s'engage pour ma compagnie. Les Allemands ont des pertes, le Balafré chef de la police Allemande de Montbéliard en fait partie. Il y avait eu plusieurs dizaines de morts au repli des Allemands vers 19h00. Toute la nuit et le lendemain, se passent dans l'inquiétude d'une nouvelle attaque. Nous avons perdu 8 maquisards et 13 blessés graves. Deux jours plus tard, départ par groupes le long de la frontière Suisse.

Mon bataillon a libéré Montjoie le Château et pris VAUFREY, où un Allemand a été tué dans le château. D'autres sections ont occupé Blamont et Noirefontaine. J'ai assisté en protection à l'arrivée de l'armée française le 6 septembre 1944 dans l'après-midi. Après une semaine calme, le 13 septembre 1944, je suis parti à pied avec ma section reconnaître le village d'Ecurcey où de violents combats s'engageaient de tous les côtés. Au soir, le repli est ordonné avec prudence, mais les Allemands depuis l'observatoire du toit du café de la "Pomme d'Or", observent le mouvement et déclenchent tirs d'armes et de mortiers dans la zone boisée que nous traversons. Au soir, 3 maquisards de ma section sont portés disparus, le S/L Mettetal notre chef, Paul Rebillard et René Toupense. Tués ou agonisants, ils resteront sur le terrain, leurs cadavres retrouvés le 28 novembre 1944. Après le 15 septembre 1944, apprenant que mon village de Chenebier était toujours occupé, je l'ai rejoint et j'ai intégré les maquis de la région de Ronchamp. Je me suis retrouvé dans un tunnel avec un petit canon, où je tirais sur l'occupant, me repliais après chaque tir et cela jusqu'à l'attaque généralisée de la mi-novembre 44. Je suis rentré chez moi fier d'avoir résisté et chassé l'occupant de notre région, et je n'ai cessé de témoigner pour la Paix. »

Après avoir remercié Mr Hauthal et lancé son deuxième appel à la vigilance, le LCL Baguerey débutait l'Hommage aux Morts par un « Garde à vous », qui initiait le protocole de dépôt des gerbes, terminant par celle de la plus haute autorité. La préparation et la mise à disposition des gerbes étaient assurées par Mr Marcel Anthoine, le vice-président de notre association. Le premier dépôt de gerbe revenait à  « Mémoire et Souvenir de la Résistance du Pays de Montbéliard et du Lomont » par deux descendants de résistants, puis à celle de l'association "L'Appel" par son Président Mr Gérard Hantz, suivie de la Légion d'honneur du Pays de Montbéliard par Mr Jean Claerr vice-président, de la ville de Mandeure par des adjoints de la ville, de la mairie de Montécheroux par le Maire Mr Léon Bonvalot, du Conseil Départemental du Doubs par la Présidente Mme Christine Bouquin, du Conseil Régional Bourgogne / Franche-Comté par Mr Arnaud Marthey Conseiller Régional, de Mme Grangier Député du Doubs et de Mme Sylvie Siffermann Sous-préfète de Montbéliard.

 

Ensuite vint l'instant d'écouter l'Appel des Morts, les 76 maquisards morts pour la France, la liste étant énoncée par Mme Gamba, en commençant cette année par Mr Roméo Cérutti, l'assemblée reprenant un émouvant et puissant « Morts pour la France » au terme de la lecture.

Puis le LCL Baguerey commandait : « Au Morts », qui précédait la Minute de silence, rompue au signal de la Vigilante par le refrain de la Marseillaise.

Sur sa lancée, le LCL Baguerey reprenait la parole : « A la mémoire de tous les résistants, chantons en cœur "Le chant des partisans" après la suite de la partie instrumentale de l'harmonie. »

La cérémonie arrivait à son terme et il était temps de présenter les Honneurs militaires à l'autorité qui présidait la cérémonie et pour le LCL Baguerey d'adresser ses remerciements : « Je remercie les autorités, les Maires, les élus, les militaires de la gendarmerie et du 1er RA, le piquet d'Honneur et la délégation d'officiers, sous-officiers et engagés. La Vigilante, dont le talent des musiciens honore les 500 maquisards Héricourtois, les Présidents d'Association et les membres, les familles des maquisards et tous les participants à cette cérémonie, le poste de secours des sauveteurs en mer, enfin les porte-drapeaux et j'invite les autorités et ceux qui le souhaitent à aller les remercier. »

Et durant quasiment vingt minutes, une longue file de personnalités, d'élus, de représentants des autorités civiles et militaires, de membres des associations et autres, se forma autour du monument pour saluer et remercier les nombreux portes drapeaux présents, alors que la Vigilante entonnait : « Le chant des Africains ».

Après que les Porte-Drapeaux se soient regroupés devant le monument pour lui rendre hommage, le moment était venu d'ordonner la dislocation. Le 3ème appel à la vigilance lancé par le LCL effectué, la cérémonie s'achevait avec le départ des autorités et du public, qui étaient invités à rejoindre une salle du village de Montécheroux, où la municipalité offrait le verre de la victoire.

Encore un grand merci à toutes et à tous pour la réussite de cette belle cérémonie.

Date de dernière mise à jour : 10/11/2023