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A proximité du hameau de Lucelans et de la commune d’Écot, en ce radieux et caniculaire dimanche du 9 juillet 2023, les dix-huit heures approchantes, de très nombreuses personnes convergeaient vers une clairière, où avait été érigé en son centre, en 1946, le mémorial de la Résistance Comtoise et du Maquis d’Écot. Haut-lieu des commémorations patriotiques locales, cet imposant monument est l'incontournable lieu de mémoire qui rassemble chaque année une foule importantes venues se recueillir pour le souvenir des événements tragiques qui se sont déroulés ici, le 8 juillet 1944, lorsque d'imposantes et brutales forces militaires allemandes attaquèrent le tout jeune maquis d'Ecot, lui assénant un coup fatal, après un combat inégal et funeste, qui se soldera par la mort et la déportation de nombreux patriotes. Soixante-dix-neuf ans après ce dramatique épisode historique, une tragédie qui a profondément meurtri les communautés locales et les mouvements de résistance engagés dans la lutte contre l'envahisseur, meurtrissures qui s'est transmises de générations en générations, il s'agissait, en ce jour et ici, de commémorer l'anniversaire de cette attaque et de rendre hommage aux nombreux morts pour la France en ces tristes circonstances et en ces lieux, victimes héroïques de la barbarie nazie.

A l'entrée de la clairière se regroupaient musiciens, porte-drapeaux, militaires et officiels, ainsi que des responsables, des membres et sympathisants des associations patriotiques et autres, rejoints par un public nombreux. C'est en cortège, que les participants se rendirent sur le lieu de commémoration, en passant devant trois JEEP rutilantes du "Groupe club memory 44", qui ornaient magnifiquement cet important site de mémoire. Ces symboles témoignent à la fois de cette très douloureuse époque à vivre, qu'a été la seconde guerre mondiale sous le joug nazi, les combats sanglants pour la liberté menés de concert entre les troupes alliées et les Forces Françaises de l'Intérieur et la joie ressentie par les populations, lors de la libération des villes du Pays de Montbéliard. L'assistance a pu voir une très belle cérémonie aux couleurs de la France, ravivée par la lumière puissante d'un franc soleil, l'astre ne déclinant que très lentement vers son crépuscule, nous offrant néanmoins de salutaires et agréables zones d'ombres portées, pour nous protéger de la chaleur. Effectivement, la foule, nombreuse, s'était regroupée à l'ombre des grands arbres qui jalonnent la clairière, complètement baignée par ce soleil pesant. Qu'elles étaient lumineuses les belles couleurs de notre drapeau français avec la présence remarquée de nombreux porte-drapeaux et d'élus de tout bord, arborant leurs écharpes tricolores, cet important signe distinctif républicain. Il y avait aussi beaucoup de solennité ce soir-là dans ce décor champêtre de toute beauté, avec une importante représentation militaire en uniformes, une harmonie municipale de Pont-de-Roide au grand complet et en tenues vestimentaires de rigueur, une équipe de secouriste rassurante aux aguets des risques du moindre coups de chaud, de nombreux représentants des autorités locales et des corps constitués, des responsables et des membres d'associations patriotiques, et un large public recueilli durant toute la commémoration.

La cérémonie était aux ordres de Daniel Volatier qui, très tôt, s'afférait de main de maître à la préparation de son cortège avec les militaires, la musique, les porte-drapeaux, les anciens du maquis, les personnalités et le public. L'organisation du dépôt de gerbes nécessitait également une attention particulière de la part de Bernard Piernavieja. Les premiers à se disposer autour du monument seront les militaires du piquet d'honneur, rejoints par une importante délégation de l'Union Nationale des Parachutistes de Bethoncourt avec son Président Gabriel Thirode.

A 18h00 précise, le cortège s'élançait pour rejoindre le mémorial, la musique en tête, suivi par les porte-drapeaux, les élus, les représentants des autorités civiles et militaires, le public.

Sur l'esplanade, alors que les porte-drapeaux se rangeaient de part et d'autre du monument, Daniel Volatier lançait le cérémonial, de concert avec les responsables de la représentation militaire : Garde à vous - Présentez armes, pour annoncer ensuite la "Montée les Couleurs".

Au pied du mat, Jean-Louis Gauthier, fils de maquisard, officiait aux ordres et au son de la sonnerie au drapeau – Garde à vous – Attention les couleurs – Au Drapeau !

Lentement, le drapeau tricolore s'élevait vers le ciel, hissé majestueusement jusqu'au sommet de son mat, alors que la musique entonnait un refrain de la Marseillaise. 

Daniel Volatier prit la parole pour remercier les autorités présentes :

« Mesdames, Messieurs, Au nom de Monsieur Sylvan, maire d'Ecot et de la municipalité, ainsi que de Madame Hadjuk Anne-Marie, Présidente de l'Amicale des Anciens du maquis d'Ecot, nous vous souhaitons la bienvenue et vous remercions de votre présence.

La cérémonie à laquelle vous allez assister commémore le 79^ème anniversaire des combats du maquis d'Ecot. Elle nous permet de se souvenir des sacrifices des soldats et des citoyens qui ont défendu la liberté, de rendre hommage à nos Morts et de manifester notre attachement à la France.

La cérémonie est présidée par Alain Sylvant, maire d'Ecot. Il sera accompagné par Géraldine Grangier députée du Doubs, Matthieu Guinebert représentant du conseil régional, Michel Viennet représentant du conseil départemental, le lieutenant-colonel Thierry Chipaux Délégué Militaire Départemental adjoint, le lieutenant Yann Skoczylas représentant la compagnie de gendarmerie de Montbéliard,  Jean-Yves Monnin Président de l'Office National des Anciens Combattants et Veuves de Guerre du Doubs et Charles Demouge, Président de Pays de Montbéliard Agglomération.

Mesdames et messieurs les Maires et élus des communes avoisinantes, mesdames et messieurs les conseillers municipaux d'Ecot, mesdames et messieurs les porte-drapeaux et représentants des associations patriotiques et du monde combattant, mesdames et messieurs les présidents des Associations patriotiques et du souvenir, ainsi que des associations culturelles. Sont présents sur les rangs un piquet d'honneur armé par la 5^ème batterie du 1er régiment d'Artillerie de Bourogne et la musique de Pont-de-Roide. Le déroulement de la cérémonie comprendra successivement : les lectures des messages, les dépôts de gerbes, l'appel des Morts inscrits sur le monument, l'honneur aux morts qui comprendra la sonnerie, une minute de silence, la Marseillaise ; puis le chant des partisans ; le départ des autorités. Mesdames, messieurs, la cérémonie va débuter, nous vous prions de bien vouloir mettre vos téléphones portables sur silencieux. »

« Bonjour, à toutes et à tous et bienvenue sur le site du Monument en hommage à la Résistance Comtoise. Je laisserai les messages concernant plus directement cette cérémonie aux Officiels qui sont bien mieux rôdés que moi. Au nom de la municipalité d’Ecot je suis heureux de vous accueillir dans ce lieu hautement symbolique pour les 79 ans de l’attaque du Maquis. C’est toujours une grande émotion. Avant de passer la main, je remercie les porte-drapeaux, les autorités militaires, civiles, religieuses, les élus ainsi que les Présidents ou représentants des diverses Institutions et Administrations locales, départementales et régionales, l’Harmonie Fanfare Rudipontaine, les Secouristes, les Conseillers Municipaux et vous tous ici présents. De nombreuses personnes, en particulier Monsieur le Sous-Préfet, nous demandent de les excuser, je n’en ferai pas la liste mais je les remercie de leur retour. Cette cérémonie ne serait pas ce qu’elle est, sans la préparation active de l’amicale des Anciens du Maquis d’Ecot sous la présidence d’Anne-Marie Hadiuk, de notre secrétaire Christelle Husser et du Délégué Militaire Départemental. Dès à présent, nous pensons déjà à la cérémonie de 2024 où nous célébrerons les 80 ans. Nous allons réfléchir avec les Services de PMA, sous la Présidence de Charles Demouge, afin d’organiser une manifestation qui pourrait rentrer dans le cadre de l’Organisation de Pays de Montbéliard Agglomération nommée Capitale Française de la Culture 2024, on va regarder si « on peut faire un pas de côté », comme c’est inscrit dans le dossier adressé par PMA et retenu par le Ministère de la Culture. Il nous reste 1 an, mais le temps passe vite. A la fin de cette cérémonie la Municipalité d’Ecot vous convie à partager le pot de l’amitié. Merci pour votre attention. »

« En de nombreux endroits en France, ce 9 juillet, un hommage est rendu à Jean Moulin mort voilà 80 ans en grand héros de la Résistance. Nous associerons sa mémoire à celle de tous ces hommes et toutes ses femmes qui ont osé combattre un ennemi aux agissements implacables et sont parvenus à le vaincre. Quelques années en arrière, le maître de cérémonie de cette commémoration, Pierre Olivier, me rappelait que nous n’avions jamais rendu hommage à un combattant de première ligne, je veux parler de Gustave Huguenin. Certains d’entre vous se souviennent certainement de lui. Je m’applique aujourd’hui à réparer cet oubli et je salue sa fille Anne-Marie présente chaque année à notre cérémonie.

Après avoir commencé à réorganiser les divers groupes de résistance décimés fin 1943 suite aux nombreuses arrestations par les Allemands, le Commandant Joly fait appel au Capitaine Huguenin pour l’aider dans cette tâche. Il le charge également de l’organisation et de la recherche de terrains de parachutage pour le groupement du Pays de Montbéliard. Ancien sapeur du génie, Gustave Huguenin, de son nom de maquisard Hubert, connaît parfaitement les explosifs ce qui lui permet de préparer les opérations de sabotage, en particulier sur la ligne de chemin de fer Belfort-Montbéliard-Besançon, occasionnant ainsi de nombreux retards aux convois allemands. Gustave Huguenin a eu une conduite exemplaire au cœur du Maquis.

Son courage et son implication dans le groupe de maquisards ont contribué à la réussite de nombreuses opérations visant à décimer l’ennemi. Malheureusement, blessé au bras au cours de l’attaque du 8 juillet 1944 il n’a pu que constater la mort de son chef Emile Joly et n’a dû son salut qu’à la fuite ce qui lui a permis de se cacher dans une ferme des environs en dehors des combats. Après la guerre, Gustave Huguenin a pu rejoindre son foyer à Etouvans et retrouver son épouse et ses 2 enfants. Gustave Huguenin a ensuite servi sa commune d’Etouvans en effectuant 2 mandats de maire de 1971 à 1983. Gustave Huguenin a relaté l’attaque du Maquis d’Ecot du 8 juillet 1944. Ce texte, vous pouvez le retrouver dans un ouvrage de Jean-Pierre Marandin. Je vous en donne lecture : « Journal de marche du maquis d’Ecot relation du combat du 8 juillet par Gustave Huguenin : 7h. du matin : nous sommes alertés par des coups de feu provenant du poste placé en surveillance à la lisière du bois Nord-Est où nous sommes installés. Dispositions de combat sont prises immédiatement mais l’armement dont nous disposons, sept F.M. ne nous permet pas de tenir assez longtemps pour que nous puissions être secourus. Le chef d’escadron Joly Valentin donne l’ordre au groupe Boulogne de protéger notre repli et nous tentons de nous replier en direction du Sud-Est. Sur le point d’y parvenir, nous sommes pris sous un feu violent. Le chef d’escadron est blessé au bras. Nouvelle tentative de repli en direction du Sud, nouveau feu violent. Le chef d’escadron donne l’ordre de monter aux sapins, ce qui fut fait sans que l’ennemi s’en aperçoive et il passe sans se douter. Au bout d’un certain temps, deux allemands reviennent sous nos sapins, par hasard. Ils durent entendre du bruit ou apercevoir quelqu’un. Ils tirèrent, à ce moment plusieurs tombèrent. Voyant que notre situation devenait critique, le chef d’escadron ne voulant pas tomber vivant aux mains des boches a préféré, dans un geste héroïque se donner la mort. Il était environ 11 h. Son adjoint blessé (Gustave H qui relate les faits) dès le début de l’action et voulant descendre du sapin où il se trouvait, tombe auprès du corps de son chef et peut ensuite se replier dans une ferme des environs. Nos pertes sont de 16 tués, 2 blessés et 25 prisonniers. Du côté ennemi, elles sont d’une centaine de tués et de plusieurs blessés. Le reste de notre maquis réussit à s’échapper. Plusieurs se regroupent avec Tito qui malheureusement est arrivé trop tard à notre secours. Le village d’Etouvans a subi à lui seul, les pertes suivantes : 2 blessés, 6 tués et 9 prisonniers. L’attaque du maquis reste dans les mémoires des familles touchées par ce drame. Je vous invite à respecter un instant de recueillement en mémoire de tous ceux qui ont connu ces terribles moments. »

J’associe à ce moment, notre ami et doyen de l’Amicale André Bourzeix qui n’a pu se joindre à nous. Je vous remercie pour votre attention. »

A l'issue des allocutions, vint le moment pour Daniel Volatier de reprendre le déroulé de la cérémonie et de débuter l'hommage aux morts en coordonnant tout d'abord le dépôt des gerbes par les autorités présentes.

Les gerbes ont été présentées par Bernard Piernavieja orphelin de guerre. Son père fut tué par les Allemands le 8 juillet 44 lors de l'attaque du maquis d'Ecot. Le cérémonial de dépôt de gerbes a commencé par celle de l'Amicale des Anciens du Maquis d'Ecot, déposée par Anne-Marie Hadjuk, la Présidente de l'association, et par Anne-Marie Florin, la fille de Gustave Huguenin, qui a fait l'objet d'un hommage dans le discours précédent. Puis se sont succédés les gerbes du Corps Franc de Bavans déposée par Daniel Kieffer assisté de Bernard Piernavieja, du Groupe Club Memory 44 par Mr Rebillot, de l'Association Ecot 94 par Denis Noegelen et Marcel Anthoine, de l'Association (ACPG CATM) Anciens Combattants Prisonniers et Blessés de Guerre par Roger Metzger, de la Légion d'Honneur par Jean Claerr, du Conseil Départemental par Michel Viennet, du Conseil Régional par Matthieu Guinebert, de l'Assemblée Nationale par Géraldine Grangier et la Commune d'Ecot par Alain Sylvant, Maire, et Anne-Marie Noegelen, conseillère municipale.

Daniel Volatier poursuit avec "l'Appel des Morts" pour la France, en signalant que l'assemblée ne répondra « Morts pour la France » qu'à la fin de l'énumération.  

Morts le 8 juillet 1944 lors de l'attaque du Maquis d'Ecot : Chef d'escadron : JOLY Emile ; ALARCON Bartolomé ; BONNOT Léon ; BOSCHI Armand ; CLERC René ; CORDIER Albert ; FLOTTAT Henri ; HERR René ; HUGUENIN Serge ; JACQUOT Michel ; MONTAGNON Robert ; MUNNIER André ; OUDOT Marcel ; PIERNAVIEJA Clément ; SANDOZ Gabriel ; TOURNOUX Auguste.

Anciens du Maquis d'Ecot morts sur les différents théâtres d'opérations : BERNER Louis ; BONNOT Paul ; BOULOGNE Henri ; BOURQUIN Frédéric ; CHANEZ Marcel ; CUENOT Robert ; DEMETIER Michel ; DEMPFEL René ; DUMONET René ; FISCHER Louis ; GROSCLAUDE Pierre ; HENRIOT Gilbert ; HUOT Raymond ; KRICHENBIL Hozotte ; KASER Robert ; LACLEF André ; LACLEF Georges ; LACLEF Léon ; LACROIX Jacques ; METTETAL Frédéric ; METTETAL Robert ; MONTAVON Edmond ; MONTAVON Edouard ; OLGIESSER Frédéric ; PROST Paul ; RENAUD Robert ; RIGOULOT Emile ; RIBOLZI Charles ; ROUGEOT Marcel ; SAUGE Roger ; SCHEPRINGE Léon ; SCHEPRINGE Roger ; SESSEGOLOT Albert ; SIXE Emile ; SOTTILI Jean ; SYLVESTRE André ; SZEMEZYK Stanislas ; THOMASSEY Albert ; THOMASSEY André ; VENDRELY Charles ; VUILLEMIN Lucien.

« Aux Morts ! » suivi de la sonnerie aux Morts, de la minute de silence rompue par un coup de langue du clairon, et envoi de l'Hymne national.

Après le « Reposez Armes, Repos », un nouveau « Garde à Vous » précède une très belle et émouvante interprétation musicale du "Chant des Partisans" par l'Harmonie Municipale de Pont-de-Roide.

Daniel Volatier clôt par ses mots la cérémonie : « Les autorités civiles et militaires vont saluer le chef du piquet d'honneur et les porte-drapeaux des associations et signifier ainsi la fin de la cérémonie. Le vin d'honneur, offert par la municipalité d'Ecot, auquel vous êtes tous cordialement invités, se déroulera à l'entrée de la clairière. Nous vous remercions à nouveau pour votre présence. »

Après un dernier « Garde à vous », le chef du piquet d'honneur et les porte-drapeaux sont remerciés par les autorités présentes. Le « Repos » étant ordonné, l'assemblée se disloque et rejoint, la musique en tête, l'entrée de la clairière, où sont disposés des tables avec les rafraichissements.

En cette très belle commémoration patriotique, chargée d'émotion, de respect et de gratitude devant l'abnégation de ces humbles citoyens patriotes, de simples civils comme vous et moi, mais au combien valeureux pour être entrés en résistance, qui ont offert leurs vies à l'hôtel du sacrifice du totalitarisme, pour que les générations futures puissent vivre libre, solidaire et en paix, nous avons été témoins d'un très beau moment de communion et de concorde, pour honorer ces héros de l'ombre, en rappelant l'importance de notre engagement envers notre patrie et de ses valeurs fondamentales. Puissions-nous porter le flambeau de leur héritage avec fierté, pour les générations à venir. Portons haut le souvenir de nos héros dans nos cœurs. Que les leçons du passé nous aident à œuvrer pour un avenir meilleur.

JCD