Avoir 20 ans au Lomont, Georges Maillard Salin

Georges Maillard Salin naît le 21 décembre 1923 à Seloncourt. Très tôt, il doit travailler et, pour le compte de son père, assurer la livraison de limonades, bières et charbon avec une voiture tirée par un cheval. Jeune de la classe 43, il échappe à la réquisition de main-d’œuvre pour le IIIe Reich instaurée par une loi prise par le régime de Pétain en février 1943. 

Pour lui, l’Occupation a été « quelque chose de terrible ; ça prenait aux tripes. Les jeunes, aujourd’hui, trouvent extrêmement courageux que je me sois engagé ; moi non, c’était normal. Je suis sûr qu’ils le feraient s’ils étaient confrontés à la même situation ».

En fin d’après-midi du samedi 19 août 1944, Georges rejoint le maquis du Lomont avec quelques camarades à bord du camion de l’entrepreneur local Robert Roux. Chaque homme est muni d’un sac à dos et le véhicule transporte six vélomoteurs Peugeot neufs, dissimulés par de la paille et destinés aux Forces du Lomont. Itinéraire : Bondeval, Blamont, Pierrefontaine, puis Passage de la Douleur enfin deux kilomètres parcourus sur le chemin stratégique en direction de la Tour Carrée. A leur arrivée, ils peuvent entendre les tirs dans la vallée du coté de Noirefontaine. Georges est affecté dans une compagnie formée de Seloncourtois et de Vandoncourtois : la création de celle-ci est due au maire de Vandoncourt, Edouard Montavon, qui sera exécuté par l’ennemi ce même 19 août. Deuxième compagnie du 1er bataillon, elle est commandée au Lomont par Frédéric Aeberhard, un marchand tailleur de Seloncourt.

Les 20-21 août, la section commandée par le Seloncourtois Joseph Westein se trouve de garde dans le secteur de la Tour Carrée. Au soir du 21, le groupe de combat de Georges est relevé ; celui qui lui succède pour tenir un poste de fusil-mitrailleur en contrebas de la Tour Carrée va enregistrer à l’aube du 22 un lourd bilan : deux tués, un prisonnier et deux blessés. Lorsqu’il témoignera plus tard sur le mois passé au maquis, le jeune maquisard de Seloncourt confiera n’avoir jamais eu à ouvrir le feu sur les Allemands.

A la mi-septembre, le 1er bataillon est envoyé au repos sur le plateau de Vercel-Valdahon et intègre le régiment du Lomont avec lequel il participe le 18 novembre 1944 à la libération de sa ville natale. Le 1er décembre, il s’engage pour la durée de la guerre au 27e Train, 165e compagnie de quartier général du 1er Corps d’Armée. Il prend part à la campagne d’Alsace puis d’Allemagne. Cantonnée dans la région d’Innsbruck, son unité appartient aux troupes d’occupation en Autriche. Le brigadier-chef Maillard Salin est démobilisé le 14 mars 1946.

Après la guerre, Georges travaille à la Brasserie de Sochaux jusqu’en décembre 1951. Mariée à Andrée Malcuit, il part aux USA où son épouse a de la famille. Il se familiarise rapidement avec la langue du pays et mène une vie professionnelle sans cesse à la découverte de nouveaux paysages et de nouveaux métiers : maître d’hôtel, vendeur d’aspirateurs, coiffeur pour dames… Après quarante-deux années passées outre-Atlantique, il est de retour à Seloncourt. Il s’est éteint le 14 mars 2022 dans sa quatre-vingt-dix-neuvième année.

Jean-Pierre Marandin

Date de dernière mise à jour : 27/04/2022