Le maquis d’Ecot, 7 juin-8 juillet 1944. Historique succinct

Le 1er juin 1944 : diffusion par la BBC du message « Les tomates doivent être cueillies » qui alerte les FFI comtois de se tenir prêts à passer au Plan rouge, à déclencher les opérations de guérilla.

Le 6 juin à l’aube : les troupes alliées débarquent sur la côte normande. Dans la journée, le chef d’escadron Emile Joly alias Valentin réunit les chefs de secteurs du Groupement de résistance de Montbéliard. Sur le vaste territoire qui va de la moyenne vallée du Doubs au Territoire de Belfort, du pays d’Héricourt aux localités haut-doubiennes de Maîche - Le Russey, différentes formations devront s’installer en maquis. Joly prendra le commandement de celui qui doit regrouper sur le plateau d’Ecot plusieurs équipes de sabotage, lesquelles ont ordre de quitter les zones urbaines.

Nuit du 7 au 8 juin, les hommes gagnent le hameau de la Charme avant de s’installer non loin, dans le bois de la Cabiotte sur la commune de Villars-sous-Ecot. Ce premier emplacement du maquis est occupé par 190 résistants environ.

Le 10 juin, l’état-major national FFI du général Koenig décide : « freiner au maximum activité de guérilla ». L’ordre formel de stopper la guérilla, signé du lieutenant-colonel Maurin, arrive de Besançon le 12 juin mais trop tardivement pour que Joly dissolve le maquis d’Ecot et renvoie purement et simplement les volontaires dans leurs foyers.

Le 20 juin, le manque d’armement entraîne le renvoi d’une soixantaine d’hommes qu’une « disparition » d’une douzaine de jours n’a pas trop compromis.

Nuit du 23 au 24 juin : déplacement nocturne du maquis qui se transporte près de la ferme de Mont-Pourron sur la commune de Bourguignon.

Le 28 juin : 300 Allemands investissent l’ancien camp et circulent non loin du campement de Mont-Pourron ; ils arrêtent trois ravitailleurs du maquis. Nouveau déplacement et installation à proximité des fermes de Lucelans, au lieu-dit La Pelotte sur la commune de Mathay.

Le 5 juillet : accrochage à Villars-sous-Ecot entre le groupe Cuenot et un convoi ennemi composé de quatre véhicules ; deux maquisards sont capturés et seront fusillés six semaines plus tard à Belfort.

Le 6 juillet : opération à Montbéliard au café des Chasseurs pour s’emparer d’officiers allemands. Quatre maquisards blessés sont conduits à l’hôpital : trois d’entre eux meurent sous les coups avant le lendemain matin, le quatrième sera enlevé par les résistants.

Henri Euvrard, agent de liaison de Joly, note que « les hommes désirent se battre, le fait d’avoir déménagé deux fois pour échapper à une attaque leur rappelle 1940. Ils ne veulent plus se déplacer et attendent avec impatience la lutte ouverte ». Joly pense qu’il sera possible de tenir un certain temps avant de décrocher, aussi le maquis soutiendra-t-il l’assaut en se ménageant une porte de sortie en direction des Grands Bois, au sud-ouest du camp. Il rencontre Henri Bourlier alias Tito le 6 juillet pour organiser l’appui que le maquis Tito pourra apporter lors du décrochage dans cette direction.

Nuit du 6 au 7 juillet : vaine attente d’un parachutage à trois avions.

Matinée du 8 juillet : ils sont 97 en maquis, une quinzaine de leurs camarades n’étant pas rentrés d’opération. Les Allemands qui bénéficient d’une large supériorité en nombre et en armement investissent la zone maquisarde. Ils progressent principalement depuis Ecot au nord-ouest et depuis Mathay par le chemin de la combe de Vaux puis Lucelans ; des soldats montent sur le plateau depuis la vallée du Doubs par la combe de Warembourg et, au sud, par la route de Vermondans. Les défenseurs sont rapidement submergés. Une vingtaine de maquisards rompt l’encerclement en direction de Mathay, une quarantaine parvient à fuir au sud en direction des Grands Bois. Le maquis perd un tiers de son effectif : 16 tués dont Emile Joly et 18 prisonniers.

Représailles et arrestations se poursuivent jusqu’à la fin juillet.

Nombre total des tués : 23 patriotes perdent la vie lors des combats ou sont exécutés sommairement au moment de l’arrestation, 4 sont fusillés et 9 ne rentreront pas de déportation.

Jean-Pierre Marandin.

Bibliographie :  Le Pays de Montbéliard 1944, lutte armée et répression. Résistances 1940-1944. Tome 2, J.-P. Marandin, Editions Cêtre, 2005.

Date de dernière mise à jour : 29/10/2022