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Vendredi 27 septembre 2024 : Cérémonie d'hommage à la résistance « d’en bas »
Vendredi 27 septembre 2024, en terre Montbéliardaise, devant la stèle érigée en bordure de la route d’Allondans, l’association patriotique Mémoire et Souvenir de la Résistance du Pays de Montbéliard et du Lomont organisait un hommage aux dix résistants victimes de la barbarie nazie, exécutés dans cette paisible forêt par des Français aux abois et à la solde de la Gestapo. Cette cérémonie était dédiée « à la résistance d’en bas », celle des femmes et des hommes du Nord Franche-Comté, qui n’ont pas été appelés « au Lomont », afin d’assurer en zone occupée et au mépris de leurs vies, des tâches essentielles à la poursuite de la lutte, comme des missions de renseignements ou de caches d’armes, souvent les amenant à franchir la ligne de front particulièrement bien gardée, bravant la surveillance des Allemands, de leurs sbires ou de leurs mouchards.
L’après-midi était très pluvieux, ce qui faisait craindre une cérémonie très mouillée, comme celle du Lomont. Mais quelle fut notre surprise lorsque, vers 16h la pluie cessa laissant entrevoir un timide soleil, venu réchauffé un peu la clairière détrempée.
Dès 16h30, notre maître de cérémonie, le lieutenant-colonel (h) Raymond Pépier, accueillait les autorités civiles et militaires, les élus, les porte-drapeaux et les représentants des associations patriotiques, un musicien, les descendants de Victor Kuentzmann l’instituteur fusillé, ces personnes se regroupant à l’orée du petit bois d’Allondans.
Alors que les douze Porte-Drapeaux se dispersaient de part et d'autre de la stèle, alors que Christophe Decraene, le Président de la Vigilante d'Audincourt prenait place à côté de la stèle, le rang protocolaire se constituait avec notamment Sylvie Siffermann Sous-préfète de Montbéliard, Jacques Grosperrin Sénateur du Doubs, Agnès Martin Maire d’Allondans, Myriam Chiappa-Kiger, Conseillère Régionale représentant la Présidente de Région, Marie-Paule Brand Conseillère Départementale représentant la Présidente du Doubs, Eric Marcot Vice-président de l’Association Nationale des Membres de l'Ordre National du Mérite du Doubs, Philippe Duvernoy adjoint représentant Mme le Maire de Montbéliard, le chef d'escadron Cédric Nestor-Romain commandant la compagnie de gendarmerie de Montbéliard.
Après avoir assuré la mise en place du dispositif mémoriel, et présenté le déroulement de la cérémonie, Raymond Pépier débuta la commémoration en commandant la levée des couleurs, assurée par Jean-Marie Ali : « Garde à vous - Attention pour les couleurs - Envoyer - Montée des Couleurs - Repos », accompagnée des sonneries du "Garde à Vous" et de "La Sonnerie au Drapeau", interprétées à la trompette par Christophe Decraene.
Le drapeau tricolore arrivé en haut de son mat, Raymond Pépier reprit la parole pour préciser aux participants, pourquoi nous sommes là avec ces mots * : « Les commémorations relatives à l’épopée du Maquis du Lomont d’août à septembre 1944 se poursuivent. Après l’hommage rendu aux deux tués de la première heure du maquis, le 19 août 2024 à Liebvillers, suivi le 31 août par celui dédié aux opérations aériennes sur le site de largage de la fin dessous, commémorées tout un week-end par le village de Chamesol, le dimanche 8 septembre devant le grand monument du Passage de la Douleur, nous nous sommes retrouvés pour célébrer le 80ème anniversaire de la victoire du maquis, et nous recueillir à la mémoire de ses 76 tués. Pour mémoire, le 6 septembre 1944, alors que le maquis est attaqué par des éléments précurseurs de la 11ème Panzerdivision, et que la situation est très délicate pour les maquisards, l’arrivée opportune de l’artillerie du général de Lattre de Tassigny renverse la situation. Le maquis est sauf, mais l’avancée rapide de l’armée française de libération est stoppée nette. La résistance allemande est vigoureuse, les troupes sont nombreuses et bien retranchées. Cela conduit à une stabilisation du front sur les positions occupées par le maquis. Les habitants des villes et des villages non libérées se trouvent dans des situations critiques, sous le joug d’un occupant allemand très présent, oppresseur, agressif, brutal et sur la défensive, lui-même renforcé par des miliciens français, fanatiques et zélés, fuyant l’avancée des troupes alliées, qui se substituent souvent aux forces de police allemande en coopérant avec la Gestapo, devenant leurs exécuteurs cruels et sadiques de « basses œuvres ». Cette importante présence militaire allemande dans la région, correspond aux nombres de soldats refoulés par l’armée française après le débarquement de Provence, qui doivent sécuriser la retraite allemande et protéger la « trouée de Belfort », qui reste la seule « porte de salut » aux troupes d’occupation du secteur, pour rejoindre l’Allemagne. Notre présence ici rend hommage aux acteurs de la « résistance d’en bas », celle des femmes et des hommes du Nord Franche-Comté, qui n’ont pas été appelés « au Lomont », afin d’assurer d’autres tâches essentielles pour la poursuite de la lutte. Au mépris de leurs vies, ils mèneront d’importantes et dangereuses missions de renseignements, ils cacheront et livreront des d’armes, en « terres ennemies », bravant la surveillance acerbe des occupants, de leurs sbires ou de leurs mouchards, actions les amenant parfois à faire des allers et retours entre le maquis du Lomont et le Pays de Montbéliard, les obligeant à traverser la ligne de front particulièrement bien gardées. Dix d’entre eux seront exécutés en ces lieux entre fin septembre et début octobre 1944. Nous y reviendrons. »
* Bibliographie : Le Pays de Montbéliard 1944, lutte armée et répression. Résistances 1940-1944. Tome 2, J.-P. Marandin, Editions Cêtre, 2005.
Pour l'Hommage aux Morts, Raymond Pépier débuta le dépôt des gerbes, dont celle de l'association MSRPML déposée par Françoise Palazzini membre de l’association, celle du Département déposée par Marie-Paule Brand et Agnès Martin Maire d’Allondans, celle de la région déposée par Myriam Chiappa-Kiger et enfin, celle de Mme la Sous-Préfète accompagnée du chef d'escadron Cédric Nestor-Romain.
Le rituel terminé, venait l'instant de réaliser l'Appel des Morts, énoncé par Jean-Marie Ali prenant la parole pour dire :
« En ces lieux fin septembre et début octobre 1944, furent exécutés neuf patriotes originaires du nord Franche-Comté et un de Bourgogne. Trois étaient de Sochaux, trois de Montbéliard, un de Bavans, un d’Audincourt, un de Belfort et enfin un agent spécial de Chalon-sur-Saône en mission dans le Pays de Montbéliard. Nous allons maintenant citer les noms de ces dix soldats de l’ombre et si vous le voulez bien, après chaque énoncé de nom, nous répéterons ensemble : "Mort pour la France !" : BOETSCH Fernand - MPLF, BOETSCH Roger - MPLF, GASSER André - MPLF, HESS Maurice - MPLF, PESSINA Robert - MPLF, LAVAL Jean - MPLF, KUENTZMANN Victor - MPLF, TIMMERMANS Emile - MPLF, DIDIER Roger - MPLF, SYLVESTRE Paul - MPLF. »
La sonnerie aux morts achevée, suivait la traditionnelle minute de silence, rompue par la Marseillaise remarquablement interprétée par le Président de la Vigilante.
C’est à ce moment là, que Raymond Pépier revenait sur les événements historiques de la situation. « Aujourd’hui, nous rendons hommage à dix résistants victimes de la barbarie nazie et exécutés par des Français aux abois et à la solde de la Gestapo, dans cette forêt dite "du Bois d'Allondans". Revenons un instant sur l’historique de ces exécutions, qui se sont déroulées dans ce paisible petit bois pendant le 1er mois de la stabilisation du front. Le 18 septembre 1944 a été le jour de l'arrestation de six des fusillés. Tout d'abord, au centre paroissial protestant de Sochaux, qui abritait un faux poste de secours avec une quarantaine de scouts unionistes du Pasteur Rolet, où une rafle de l'occupant exécute sur place Marcel Hauger, puis capture Roger Boetsch, Robert Pessina, André Gasser et à son domicile Fernand Boetsch. Les quatre scouts sont interrogés, torturés au Bristol et fusillés, ici, le 21 septembre 1944 avec Maurice Hess de Montbéliard, arrêté le 4 septembre alors qu'il montait au maquis du Lomont. Le 26 septembre 1944, ce sont deux agents du réseau de renseignement "Carmel" qui sont exécutés en ce lieu, Jean Laval originaire de Chalon sur Saône, ville nouvellement libérée, arrêté par la police allemande de cette ville repliée à Montbéliard. Il est porteur de plans des lignes allemandes de la région. Les Allemands y reconnaissent l'écriture d'un instituteur. Ils font le tour des écoles et découvrent sur un tableau scolaire l'écriture de Victor Kuentzmann, instituteur aux Forges à Audincourt. Celui-ci sera fusillé avec Jean Laval. Enfin, le 1er octobre 1944, trois autres résistants, qui fréquentent un café de la ville rue de l'étuve et qui sont dénoncés par une serveuse, sont pris en possession d’armes. Il s’agit de deux agents de la SNCF de Montbéliard, Roger Didier 17 ans, originaire du Nord et Paul Silvestre, 43 ans, mécanicien roulant sur locomotive, marié 3 enfants, de la résistance "FER", accompagnées d’Emile Timmermans 36 ans, originaire du Nord et comptable chez Peugeot. A la Mémoire de ces 10 fusillés Morts pour la France, reprenons le 1er et 2ème couplet du "Chant des partisans", après avoir écouté la partie musicale exécutée par le musicien. »
Enfin Mme la Sous-Préfète était invitée à prendre la parole. Au terme de l’intervention, Raymond Pépier remercia les participants pour leur présence, en invitant les autorités présentes et l'assistance qui le souhaitait, à saluer les Porte-Drapeaux, avant de se diriger vers la salle des fêtes mise à notre disposition par la municipalité d'Allondans, où nous attendait le verre de l'amitié, offert par la municipalité de Montbéliard.
Encore un grand merci à toutes celles et ceux, qui se sont joints à nous pour honorer la mémoire de ces dix fusillés Morts pour la France et notre liberté.
Date de dernière mise à jour : 05/12/2024