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Dimanche 8 septembre 2024 - Célébration du 80ème anniversaire de la victoire du maquis du Lomont

Préambule : Cette commémoration du 80ème anniversaire de la victoire du maquis du Lomont était particulière pour les membres de Mémoire et Souvenir de la Résistance du Pays de Montbéliard et du Lomont, car pour la première fois depuis la création de l’association, le lieutenant-colonel Guy Baguerey, notre cher Président défunt, n’était pas aux commandes de la cérémonie, et il nous revenait la tâche de prendre la relève et d’assurer la continuité. Mais cela faisait déjà quelques semaines que nous nous y préparions. En se répartissant la tâche, chacune et chacun fut mis à contribution pour que cette cérémonie soit à la hauteur de ce que pouvait en attendre notre regretté colonel. L’élaboration d’un cérémonial précis, partagé avec l’autorité militaire, avait été confiée à Jean-Pierre Marandin, au lieutenant-colonel (h) Raymond Pépier et à Jean-Marie Ali, ce dernier acceptant le rôle de Maître de Cérémonie. Jacky Bourlier se voyait confier « la montée des couleurs », tandis que Catherine Druet, Patrick Herrscher et Ronan Chouley assuraient le port de drapeaux. La prise de parole pour rappeler l’historique du maquis du Lomont, rédigée par Jean-Pierre Marandin, était confiée à Raymonde Mathieu, alors que Martine Bouchez, exposait le témoignage sur l’engagement patriotique de son père Michel, résistant déporté. L’accueil des participants revenait à notre Président par intérim, Marcel Anthoine, assisté dans cette tâche pour des raisons de santé par Jean-Pierre Marandin. Le dépôt de la gerbe de MSRPML était confié à Anne-Marie Gamba, avec son fils Olivier, Anne-Marie assurant également la lecture des noms des 76 tués au maquis, lors de l’hommage aux morts pour la France. Nous remercions Bernard Piernavieja qui s’est joint à nous pour remettre en mains aux déposants, les onze gerbes disposées au bord de l’esplanade. La signalisation de l’événement avait été confiée à Catherine et Serge Druet, en compagnie de Patrick Herrscher. La sécurité « Vigipirate renforcée alerte attentats » était assurée par Pierre Hauthal, avec un ami, Françoise Palazzini, Serge Druet, Gérard Schneuwly et Paul Bringard. Quant à moi, il me revenait les tâches liées au volet administratif de la commémoration, la communication et les médias. Nous pouvons considérer que l’engagement des adhérents de l’association a été remarquable. Le travail d’équipe a très bien fonctionné. Le colonel serait satisfait. Bravo et merci !

La cérémonie

Donc ce dimanche 8 septembre 2024 devant le grand monument du Lomont, au passage de la douleur, avec une météo plus qu’incertaine, les membres de l’association se retrouvaient dès 14h pour installer le dispositif de sécurité Vigipirate et pour accueillir les premiers participants qui convergeaient déjà vers le site. De plus, la pluie plus que menaçante nous avait conduit à installer, in extrémis, deux « Vitabris » pour protéger les précieux instruments des musiciens. Judicieuse initiative, car la pluie se raffermit au fil des heures avec en point d’orgue, des trombes d’eau au cœur même de la cérémonie, lors de l’hommage aux morts, sachant qu’on relèvera que le déluge s’arrêtera à 18h précise, lors de la dispersion de la cérémonie. 

A partir de 15h, comme prévu, l’historien de l’association Jean-Pierre Marandin répondait aux questions posées par certaines personnes intéressées par l’histoire du maquis du Lomont, dont certaines étaient des descendantes de maquisards.

Progressivement les acteurs du cérémonial se mettaient en place, avec l’arrivée des porte-drapeaux, des personnels du service technique de la mairie de Mandeure en charge de la logistique de la cérémonie, des militaires, des gendarmes, des sauveteurs du poste de secours, des musiciens de l’harmonie de l’Union Musicale de Sancey, sachant qu’à 16h, le personnel de la DDE fermait les accès routiers. En parallèle, un public assez nombreux rejoignait l’espace mémoriel. Auprès des élus, on remarquait la présence de représentants des associations patriotiques et autres, des familles de maquisards et de citoyens désireux de rendre hommage aux résistants du maquis du Lomont.

Vers 16h30, le piquet d’honneur prenait position sur la gauche du monument. Un peu plus tard, Jean-Marie Ali, le Maître de cérémonie, en compagnie du lieutenant-colonel Jean-Marie Bézard, qui présidait la cérémonie, rebalayait le déroulé du cérémonial avec la cheffe du piquet d’honneur, pour ajuster les synchronisations.

Maintenant, c’était le moment pour Jean-Marie Ali d’annoncer le premier appel à la vigilance du plan Vigipirate, alors que les autorités présentes se rangeaient au pied du grand escalier dans le respect du rang protocolaire, avant de gravir les marches pour se placer face au monument.

La cérémonie pouvait commencer avec l’accueil de l’autorité Militaire avec les honneurs rendus au Lieutenant Colonel Bézard, le Délégué Militaire Départemental Adjoint, face au piquet d’honneur. Venait ensuite l’instant de monter les couleurs « Attention pour les couleurs, envoyez ! » ; alors que Jacky Bourlier hissait le drapeau au mat, et qu’une Marseillaise, parfaitement interprétée par l’Union Musicale de Sancey, retentissait sur le lieu de mémoire.                             

Pour Jean-Marie Ali venait le moment d’accueillir les autorités présentes : « Pour cette journée commémorative, nous avons le plaisir d'accueillir Mme Sylvie Siffermann Sous-préfète de Montbéliard ; Madame la Députée Géraldine Grangier et Monsieur le Député Mathieu Bloch ; Monsieur le Sénateur Jean-François Longeot ; Monsieur Arnaud Marthey, Conseiller régional représentant Madame Duffay et Madame Christine Bouquin, Présidente du Conseil Départemental du Doubs, Monsieur Christophe Liniger, 1er adjoint, représentant de Madame Catherine Meunier, Maire de Pierrefontaine-lès-Blamont ; Mesdames et Messieurs les conseillers régionaux et départementaux ; Mesdames et Messieurs les Maires, Maires Adjoints et conseillers municipaux ; Mesdames et Messieurs les officiers, sous-officiers et militaires de la gendarmerie et des armées Françaises. Merci à vous de nous honorer de votre présence à cette cérémonie du maquis du Lomont. Pour mémoire, la Résistance Française a débuté le 18 juin 1940 avec l’appel fondateur du Général de Gaulle à la BBC. Quatre jours plus tard, l’appel est repris à la radio de Londres... Ecoutons »

Le discours de l’Appel du Général de Gaulle est diffusé devant une assistance très recueillie. (cf. vidéo de la cérémonie)

Jean-Marie Ali reprend la parole pour introduire la lecture d’un texte relatant l’historique du maquis du Lomont, lu par madame Raymonde Mathieu. Il s’exprime en ces termes : « Nous allons maintenant vous lire quelques textes relatifs à la vie du maquis. Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu’on enchaîne ? Dans cette phrase tirée du chant des partisans, nous pourrions entendre le grincement des chenilles des canons d’assaut Allemands qui investissent le plateau de Montécheroux. Ami, si tu tombes un ami sort de l’ombre à ta place. Cette autre phrase elle aussi du chant des partisans, laisse à penser qu’après l’anéantissement du maquis d’Ecot le 08 juillet 1944, la Résistance Comtoise sur les pentes du Lomont renait des ses cendres encore plus belle, encore plus forte. Ici, nous vois-tu, nous on marche et nous on tue, nous on crève. Cette phrase immanquablement nous rappel la violence physique et morale de l'époque, alors c’est pour (eux) que comme jadis nous sommes montés au monument du Lomont aujourd’hui, pour les honorer bien-sur, mais aussi pour ne pas oublier, et surtout pour ne pas (les) oublier. Dans ce sens, nous ne pourrions pas débuter cette commémoration, sans avoir une pensée émue pour le Lieutenant-Colonel Guy Baguerey qui nous a quitté le 23 mai dernier, défenseur indéfectible des commémorations patriotiques et du devoir de mémoire, le Colonel pendant plus de 30 années nous a montré le chemin à suivre pour que le sacrifice de nos Morts pour la France ne ce dilue pas dans la nuit des temps. »

Au terme de la lecture du texte historique, Jean-Marie introduit la seconde prise de parole, celle du témoignage : « Nous avons choisi cette année de rappeler la mémoire de l’un de ceux qui firent les navettes entre le maquis du Lomont et le pays de Montbéliard. Il faut comprendre que ces missions n’étaient pas sans risque, il fallait quitter la zone protectrice du maquis pour descendre dans la vallée en milieu hostile. L’agent de liaison que nous avons choisi est le F.F.I Michel Bouchey. Sa fille Martine ici présente, témoigne ».

« Je suis la fille de Michel Bouchey, déporté de la Résistance de Hérimoncourt, décédé en juin 2023 à l’âge de 99 ans. Michel n’a que 16 ans quand les Allemands envahissent la France, mais il est de ceux qui n’acceptent pas le nazisme et la collaboration. Il habite avec sa famille à Glay, la ferme Sous les Vignes située à 2 km de la frontière suisse dans la zone Rouge. Il a une parfaite connaissance du terrain et va être contacté pour établir un relais pour une filière de résistance. Il effectue de nombreux passages de la frontière afin d’acheminer des documents ou des personnes qui fuient la France occupée, ceci à titre gratuit, ce qui est loin d’être le cas pour d’autres passeurs de la localité. Il est par ailleurs recruté par Jean Renard, responsable du groupe villageois. A l’été 1944, il intègre les FFI sous les ordres du capitaine Harnisch, instituteur à Villars-lès-Blamont. Le 8 septembre, il franchit les lignes allemandes pour ramener un sous-officier Français blessé qu’il remet à son unité à Villars. Il est alors affecté comme agent à la Direction générale des services spéciaux. C’est ainsi qu’il communique au commandant de l’artillerie française à Chamesol l’emplacement d’une batterie ennemie. Située avec précision sur une carte d’état-major, elle sera détruite. Il transmet au colonel Lombard des services de renseignements de la Première Armée des informations sur les unités allemandes et leur organisation défensive, ainsi que l’emplacement des champs de mines. Le 30 octobre 1944, alors que Michel est en mission et vient de franchir pour la septième fois la ligne de front, il arrive dans le secteur de la Papeterie avant d’apercevoir une patrouille allemande. Il tente de se cacher mais un chien va le débusquer. Il est emmené à la Kommandantur à Abbévillers, de là, conduit à la caserne Friedrich à Belfort où il subit plusieurs interrogatoires musclés et des tortures. On lui annonce qu’il sera fusillé le 21 novembre mais l’offensive déclenchée par De Lattre empêche les Allemands de mettre à exécution leur sinistre dessein. Les cellules sont vidées et les détenus emmenés en Allemagne le 17 novembre au soir. Le convoi s’arrête d’abord à Gaggenau où les prisonniers sont triés, puis à Rastatt où les Allemands les entassent parfois à 110 dans une pièce. Ensuite c’est un nouveau départ sous la pluie. Michel fait partie des 650 déportés du Pays de Montbéliard, des Vosges et d’Alsace, qui, affamés et trempés, pénètrent en même temps que 400 déportés russes dans un camp installé dans des tunnels en Forêt-Noire, un camp connu sous le nom « d’enfer d’Haslach ». La vie du camp est marquée par la promiscuité humiliante, la vermine, la faim et la soif, les maladies, pour les détenus enfermés dans un immense tunnel obscur, sans oublier le travail harassant sous les coups de matraques. Transféré au camp de concentration de Gaggenau fin mars 1945, il retrouve la liberté un mois plus tard. Michel et son épouse se sont longtemps occupés de la FNDIRP - Fédération nationale des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes - à Audincourt. Il a été le porte-drapeau de cette association pendant plus de trente ans. En 2015, une rue a été baptisée à son nom dans sa ville d’Hérimoncourt. L’année suivante, il a été nommé officier de la Légion d’Honneur. Il a dédié cette décoration à tous ses camarades, femmes et hommes qui comme lui ont combattu, résisté, risqué leur vie, afin de nous libérer du joug nazi. Que leurs sacrifices nous rappellent que la « bête immonde » n’est pas morte et qu’il nous appartient de demeurer vigilants. Actuellement, les idées populistes, extrémistes reprennent de la vigueur en Europe. A nous de lutter contre cela, en construisant une Europe fraternelle, pacifiée. »

Cf. La vie d'un Drapeau, en cliquant ICI

Hommage aux Morts pour la France

Après un solennel « Garde à vous » ; « Présentez armes », Jean-Marie débute le cérémonial du dépôt des gerbes. La préparation et la mise à disposition des gerbes sont confiées à Marcel Anthoine, assisté de notre ami Bernard Piernavieja, grand patriote de toutes les commémorations (orphelin de guerre : son père a été tué au maquis d’Ecot).

La première gerbe est celle de « Mémoire et souvenir de la Résistance du pays de Montbéliard et du Lomont » déposée par Anne-Marie Gamba et son fils Olivier, fille et petit fils de Résistant. La gerbe de l’association « L'Appel » est déposée par son Président Gérard Hantz, suivie de la gerbe de la « Légion d'Honneur » déposée par Brigitte Mairot Présidente et Jean Claerr. Puis vint de tour des municipalités, tout d’abord la gerbe de la « ville de Mandeure » par Monsieur le Maire Jean-Pierre Hocquet, puis de la « commune de Chamesol » par Monsieur le Maire Emmanuel Saulnier et enfin la gerbe de la commune de « Pierrefontaine-lès-Blamont » par Monsieur Christophe Liniger, 1er adjoint. Suivront la gerbe du « Conseil Départemental du Doubs » par Madame Christine Bouquin, Présidente, celle du « Conseil régional Bourgogne / Franche-Comté » par Monsieur Arnaud Marthey, Conseiller régional et maire de Baume-les Dames, représentant Madame Duffay excusée. Enfin les gerbes des députés, tout d’abord celle de Madame Géraldine Grangier, puis celle de Monsieur Mathieu Bloch accompagné du sénateur Jean-François Longeot. Le cérémonial se terminant avec le dépôt de la gerbe de la « Sous-préfète de Montbéliard » Madame Sylvie SIFFERMANN accompagnée d’un enfant.

Après un instant de recueillement, Jean-Marie Ali reprend la parole : « Ils sont 76 combattants volontaires à avoir donné leur vie pour la libération du Pays de Montbéliard. Tous avaient un seul objectif : celui de chasser l’occupant. 57 ont été tués lors des combats au maquis du Lomont ou sont décédés des suites de leurs blessures. Après avoir été capturés par l’ennemi 5 seront massacrés et 14 mourront dans les camps de concentration. Notre association ayant décidé que chaque année l’appel commence par une lettre différente, le premier à être cité cette année sera le F.F.I : Laurent Jacques … et le dernier Lacroix Jacques. Après l’énoncé de ce dernier nom, tous ensemble nous prononcerons « Morts pour la France » ! »

Anne-Marie Gamba énonce les 76 noms de la liste des « Morts pour la France » ! Puis l’harmonie interprète la sonnerie « Aux Morts » ; Jean-Marie Ali demande une minute de silence, qui sera interrompu comme le veut la tradition par un « Refrain de la Marseillaise » joué par l’Union Musicale de Sancey.

Pour consulter la liste, cliquez ICI

A ce moment là, Jean-Marie reprend la parole : « A la mémoire de tous les Résistants, le chant des Partisans va être interprété par l’Union Musicale de Sancey. A la suite de ce chant, deux couplets seront repris par l’assistance. Je donnerai le ton du départ. Nous vous avons distribué un feuillet qui comprend les deux premiers couplets. Soyez gentils de les utiliser pour rendre hommage à celles et à ceux qui sont Morts pour notre Liberté. »

L’Union Musical de Sancey joue « Le Chant des Partisans », qui est ensuite repris par l’assemblée. Et le piquet d’honneur se met au repos.

Nous arrivons au terme de la cérémonie et les honneurs militaires sont rendus à l’autorité militaire qui préside.

Remerciements

C’est pour Jean-Marie Ali, le moment d’adresser les remerciements à l’assemblée : « Je remercie les autorités, les Maires, les Elus, les Militaires de la Gendarmerie et du 1er Régiment d’artillerie (piquet d’Honneur) et l’importante délégation d’Officiers, sous officiers et engagés. Mes remerciements également à l’Union Musicale de Sancey, dont le talent des musiciens honore les 3200 maquisards qui s’étaient réunis ici, je remercie les présidents d’associations et leurs membres, les familles des maquisards et tous les participants à cette cérémonie, sans oublier le poste de secours des sauveteurs en mer. Enfin, notre gratitude va aux porte-drapeaux. Aussi, j’invite les autorités et toutes celles et ceux qui le souhaitent à aller les remercier »

La cérémonie est terminée, et les autorités présentes se mettent en file pour saluer comme il se doit les trente porte-drapeaux présents, alors que l’Union Musicale de Sancey joue la « Marche des soldats de Robert Bruce ».

Au terme des remerciements aux porte-drapeaux, ces derniers se placent en arc de cercle devant le monument et le saluent en les inclinant respectueusement.

Pour terminer Jean-Marie Ali invite les participants à se disperser dans le calme, tout en rappelant le message d’appel à la vigilance de Vigipirate, avant de rappeler que tout le monde est convié au verre de la Victoire et de l’Amitié offert par la commune de Chamesol.

Malgré la pluie, nous pouvons être satisfaits de cette cérémonie Lomont 2024, qui s’est parfaitement déroulée.

Date de dernière mise à jour : 23/09/2024