21 novembre 2019, sortie scolaire au Lomont avec les élèves du collège Sainte Jeanne-Antide de Sancey

Le jeudi 21 novembre 2019 à 8h45, les Lieutenants-Colonels Guy Baguerey et Raymond Pépier, Patrick Herrscher, Jean Barbet et Jean-Claude Dupré étaient présents au rendez-vous prévu à Villars-sous-Dampjoux, en sortie du pont de Noirefontaine en direction de Vallonne, pour attendre l'autocar qui transportaient la quarantaine de collégiens de Sancey-le-Grand et leurs professeurs, afin de participer à la sortie scolaire organisée par notre association, sur le thème de la découverte de l'histoire du Maquis du Lomont. 

A noter que le circuit de visite ne respecte pas un itinéraire basé sur le respect d'une chronologie des événements, mais sur un itinéraire qui respecte les contraintes du circuit routier.

A 9h15, la jonction était faite. Nos deux groupes rassemblés dans le bus s'engageaient sur la route de Noirefontaine en direction de Saint-Hippolyte, pour faire demi-tour sur le parking de la Poste et ainsi être dans le bon sens pour débuter notre périple.Tout au long d'un parcours prédéfini et ponctué de "haltes" instructives, par la clarté de son discours, par son verbe haut et son allant, le Lt-Cl Baguerey a su captiver son auditoire. Ses exposés précis et pédagogiques, constitués de faits d'armes et de faits historiques, d'anecdotes illustrées voire mimées sur les lieux même où les actions se sont déroulées, de propos énoncés parfois avec une pointe d'humour, tous les récits ont retenu l'attention d'un public conquis par la personnalité singulière du Colonel. Quel formidable orateur pour nous faire "revivre" cette terrible époque, agitée, féroce et parfois barbare de ces mois d'août à novembre 1944, durant lesquels le conflit de la seconde guerre mondiale a ensanglanté et marqué à jamais l'histoire du Plateau du Lomont et de ses environs.

Premier arrêt au carrefour d'un lieu-dit appelé Nadan, à la croisée de Liebvillers. Ici est évoqué la première échauffourée du 19 août 1944 entre des résistants du Pays de Montbéliard en train de "monter au Lomont" et des allemands présents dans le secteur. Il est remémoré notamment deux rencontres impromptues entre des militaires allemands et des maquisards, pris par surprise, en pleines corvées d'eau et de munitions. Cela se traduit par la capture d'une dizaine de résistants et un tué, qui sera le second dans la liste des morts de la campagne du Lomont. Puis il est évoqué "l'accrochage" du 1er septembre au matin. Sur la route, une voiture civile, placée (peut-être malencontreusement) entre deux camions militaires allemands est considérée par la résistance (par erreur) comme un véhicule de la Gestapo. Elle est prise pour cible par les maquisards de la 4ème compagnie du Lomont postés sur le coteau. A l'issus du combat, un jeune combattant de 17 ans, à l'allure juvénile, est envoyé en éclaireur. Il découvre dans le véhicule les cadavres de deux personnes civiles, dont celui du directeur de la Société des Forces Motrices du Refrain, l'EDF de l'époque (bavure ? ou collaborationnistes ?). L'après-midi, au même endroit, un nouvel "accrochage" se produit avec une troupe hétéroclite de soldats allemands qui passent sur la route, dans le cadre d'une opération d'évacuation et de repli de la zone de front. Au final, le combat sera interrompu en fin d'après-midi par un violent orage.

Ensuite nous avons pris la route de Blamont, direction Pierrefontaine-lès-Blamont, en marquant un bref arrêt à la croisée des chemins signalée par "la Pierre Carrée".

Cet assemblage de grosses pierres carrées avec son chapiteau pourrait être une très vieille borne positionnée sur la voie romaine qui passait là, et qui pourrait indiquer la distance de mille kilomètres (?) par rapport à Rome (légendes ?).

Cette pierre assez mystérieuse a donné le nom à ce carrefour très fréquenté. Son usage a été longtemps de l'utiliser comme panneau indicateur.

En 1940, elle a été arrachée par l’armée française, car elle est idéalement localisée pour désigner la direction du Lomont au sud, celle du Pays de Montbéliard au nord, de la Suisse à l’est et de la Vallée du Doubs à l’ouest.

Puis nous arrivons à Ecurcey sur la Place du Souvenir, lieu situé en bordure du village, qui jouxte le cimetière. De septembre à novembre 1944, ce village a énormément souffert lors de la fin du conflit de la seconde guerre mondiale, en devenant une ligne de front défensive où les soldats Allemand se sont puissamment retranchés. Cela se traduira à la libération par la quasi-destruction du village.

Cette libération nécessitât d'âpres combats sanglants entre le 13 et 17 novembre. Nous ferons un arrêt devant la stèle à la mémoire des 72 combattants français morts pour libérer le village, monument érigée en 2009 par la municipalité d'Ecurcey en hommage aux soldats du 9ème zouaves, du 21ème R.I.C., du 4ème R.T.T., du 7ème R.T.A, du 71/3 Génie et des F.F.I. du Lomont, qui ont perdu la vie dans ces combats. 

Maintenant, nous nous dirigeons vers la ferme de BRISEPOUTOT. Mais une erreur d'itinéraire à l'embranchement d'un chemin forestier très étroit sensé nous y conduire, s'avère être une erreur de destination et oblige le car à faire un demi-tour dans une pâture détrempée. Finalement, le bus s'embourbe. Heureusement pour nous, Mr Bersier, qui nous attendait dans le secteur, fera appel à un jeune agriculteur Dylan Parguey (17 ans) qui, avec son énorme tracteur, sortira assez rapidement notre véhicule de cette mauvaise situation.

Ainsi, nous pourrons reprendre le chemin de la ferme Brisepoutot, où le Lt-Cl Baguerey décrira des faits d'armes importants qui se sont déroulés dans le secteur. La zone a été le théâtre de combats acharnés entre les maquisards positionnés en lisière de bois et les soldats Allemand retranchés en contre-bas. On notera l'acte héroïque d'un groupe de courageux et téméraires maquisards, qui gagneront lors d'une charge intrépide à "sus à l'ennemi", le surnom de "Mohican".

Le temps nécessaire pour régler le problème du bus embourbé dans le pré a pour conséquence de nous avoir fait prendre du retard sur le planning prévu, ce qui nous oblige à ne pas faire la marche de la Tour Carrée.

Nous nous rendrons donc directement vers le grand monument du Lomont (il fait 13 mètres) appelé : "Monument Commémoratif aux Morts du Maquis du Lomont" situé au "Passage de la Douleur".

Erigé par l'entreprise Roudet sur les plans de l’architecte Gabriel Painchaux, comprenant une sculpture de pierre remarquable réalisée par Enrico Campagnola, qui représente un magnifique et colossal maquisard de 2 mètres 50 de haut, ce monument a été inauguré en 1947. On notera également, gravé dans la pierre, sur fond du blason de la ville de Montbéliard, les trois derniers mots de notre fière devise comtoise : "Comtois, rends-toi − NENNI, MA FOI".

A notre arrivée, l'esplanade du mémorial est couverte d'une fine pellicule de neige, quelques centimètres tout au plus. Les collégiens, les professeurs et les membres de l'association se regroupent autour du monument pour se recueillir en hommage aux morts du Maquis du Lomont : minute de silence, hommage des drapeaux, Marseillaise. C'est un très émouvant moment que nous avons vécu là, avec les collégiens et professeurs de Sancey, très émus en ces instants. 

Il est midi. Nous nous rendons dans la petite salle des fêtes de Chamesol, située au rez-de-chaussée de la Mairie pour manger au chaud notre casse-croûte tiré du sac. Le collège a bien prévu les choses pour les élèves. La collation est très appréciée. L'ambiance est fort sympathique. Le Lt-Cl Baguerey apprend aux jeunes "le chant des partisans".

La pause repas terminée, nous nous rendons à la sortie du village de Chamesol sur le théâtre des opérations de parachutages qui se sont déroulées de la fin août à début septembre 1944, qui permettront de larguer des renforts humains et 53 du matériel sur le Maquis nouvellement créé.

En ce lieu de mémoire, nous nous recueillerons quelques instants devant la stèle commémorative inaugurée le 16 novembre 2019, en souvenir des 89 parachutistes français de la 2ème compagnie du 3ème bataillon SAS (Special Air Service) largués sur le Plateau et en mémoire des 9 tués au combat entre le 29 août et le 15 septembre 1944. Dans un silence solennel, l'appel des noms des 9 soldats SAS français morts au Lomont, réalisé par trois collégiens, suivi de la phrase "Mort pour la France" reprise en cœur par l'assemblée, a été un moment fort de la petite cérémonie, qui s'est terminée après la minute de silence, suivi du "chant des partisans" fraichement appris par les élèves.

Et rassemblement dans le bus pour nous diriger vers Pierrefontaine-lès-Blamont. En traversant le village de Chamesol, le Lt-Cl Baguerey ne manquera pas de citer certains points mémoriels de la commune, comme l’école transformée en hôpital de campagne qui accueillit les blessés graves de l'attaque de 22 août et le local qui servira de prison pour "les femmes"...

A Pierrefontaine-lès-Blamont, le bus s'immobilise vers le cimetière. Nous évoquons les durs combats qui se sont produits dans le secteur, notamment le 6 septembre 1944, lorsque trois automitrailleuses d'un détachement de blindé de reconnaissance avancé de la Panzer division sont "accrochées" sur la route de Villars par un barrage anti-char constitué de trois bazookas (assez inexpérimentés), mais suffisamment dissuasifs après quelques tirs de rockets "trop courts", pour inciter les conducteurs des automitrailleuses à faire demi-tour. Pas de chance pour le véhicule de tête qui, en faisant demi-tour sur ce chemin très étroit, tombera en bas du talus.

Ensuite, après avoir fait demi-tour à Villars-lès-Blamont, le bus s'est dirigé vers Pont-de-Roide, où sera évoqué l'attaque du 7 septembre. Depuis "Les Roches", un tank destroyer du 7ème Régiment de Chasseurs d'Afrique détruit en un coup, un char Allemand stationné devant l'hôtel des voyageurs. Nous irons ensuite au terrain de foot de Roide qui, à l'époque, était une ancienne carrière. Au terme de violents combats, le 22 août au soir, en ce lieu, les allemands ramassaient leurs morts et leurs blessés, sous le regard des maquisards installés sur le coteau en leur surplomb. Les résistants voulaient en découdre avec l'ennemi, pour profiter de leur bonne position stratégique. Mais, à leur grande surprise, le chef (un lieutenant) refusa de donner l'autoriser d'attaquer. Il s'en expliquera plus tard. Considérant que l'ennemi était battu, et que l'attaque de cette troupe en repli aurait pu être à l'origine de représailles sanglantes dans la ville de Pont-de-Roide, il a préféré ne pas engager le combat.

L'après-midi était bien entamé, lorsque le moment est venu de reprendre le chemin de Noirefontaine pour que le bus puisse nous déposer à Villars-sous-Dampjoux et reprendre la route de Sancey avec les élèves et professeurs de Sainte - Jeanne Antide. Le moment des aurevoirs revus, chacun put échanger sur cette journée riche d'enseignements et de surcroît captivante.  

Très belle journée, très instructive avec des élèves remarquablement intéressés par le récit de ce fragment d'histoire douloureux. Merci pour tout et bravo pour le comportement irréprochable.

Jean-Claude Dupré

Date de dernière mise à jour : 11/07/2021