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Samedi 23 novembre 2024, Mémoire et Souvenir à Beutal
Il était 11h15, lorsque l’assistance s’est retrouvée au centre du village de Beutal, sur une grande place parfaitement déneigée pour l’occasion, devant le monument aux morts, afin de poursuivre les commémorations du jour, notamment en débutant celle de la libération du village de Beutal, toujours aux ordres de Raymond Pépier, en tant que maître de cérémonie. Les personnalités du rang protocolaire avaient suivi, ainsi que les musiciens et on pouvait encore compter la présence de dix-huit porte-drapeaux, ce qui est remarquable pour une commémoration dans ce petit village de 300 habitants.
Après avoir effectué la mise en place des participants, Raymond Pépier présenta la suite du déroulement de la cérémonie, avant d’ordonner la Montée des couleurs avec l’Honneur au Drapeau interprété par les musiciens de la Vigilante, alors que nos couleurs s’élevaient lentement sur le mat disposé à l’arrière du monument aux morts.
C’est à ce moment-là que Roland Thierry, Maire de Beutal, prit la parole pour revenir sur cette fameuse journée du 14 novembre 1944, après avoir débuté par un hommage aux morts du village durant la première guerre mondiale : « Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs les représentants des anciens combattants, Mesdames et Messieurs les porte-drapeaux, Mesdames et Messieurs. Il y a 106 ans, la signature de l'Armistice au petit matin dans un wagon près de la gare de Rethondes mit fin à 4 ans d'une guerre effroyable. Il était 11 heures, le 11 novembre 1918 quand les conflits de la Grande Guerre prirent fin, et c'est à l'heure où nous sommes rassemblés autour de notre Monument aux Morts que le cessez le feu prit effet. Ceux qui ne se souviennent pas du passé sont condamnés à le répéter, et pourtant, le devoir de mémoire qui devrait nous apprendre les leçons de l'histoire se heurte à une répétition sans fin. L'invasion de la Pologne par Hitler en septembre 1939 déclenche la Seconde Guerre Mondiale. Et si nous avons eu à déplorer 1,5 millions de morts lors de la guerre de 14/18, c'est plus de 50 millions de personnes, militaires et civils qui ont été tués lors de ce conflit mondial. Notre village n'a malheureusement pas été épargné par les affres de cette guerre.
Le 14 novembre 1944, Beutal et les villages environnants sur la ligne d'Onans jusqu'à St Maurice Colombier, sur une ligne fragmentaire du front passant par Faimbe, Bretigney, Beutal, Longevelle, Blussangeaux, Blussans se déclare l'offensive préparée depuis 2 mois par les armées françaises de la libération. L'État major français, établi à l'Isle sur le Doubs, renseigné par radio sur les mouvements de la Wehrmacht ainsi que des renseignements regroupés par la résistance au prix des périls les plus grands encourus par le maquis local, dont certaines personnes sont originaires de Beutal-Bretigney et civils du même secteur dont nombre d'entre eux paieront très cher la contrepartie de leur héroïsme. Il aura fallu exactement 2 mois et 1 jour (du 13 septembre au 14 novembre 1944) pour mettre un terme, avec l'appui de la forteresse rocheuse du Lomont, à l'occupation exténuante de notre village, à l'accumulation de ses ruines, aux servitudes imposées par l'occupant à la population, aux réquisitions du cheptel conduit sous la surveillance des allemands jusqu'aux abattoirs de Belfort, s'ajoutant la confiscation des récoltes, la saisie des laitages et des fruits, sans oublier les mines placées sur le parcours de bêtes et des gens qui provoqueront des pertes considérables.
Traquée par l'ennemi, la résistance, sous équipée en armes automatiques, réussit toutefois dans un secteur qu'elle connaît bien à travers les champs et les bois à franchir la ligne d'arrêt de l'armée libératrice qui prépare l'offensive du 14 novembre. Un général allemand dont le Q.G fut installé à Onans où se trouvait un hôpital improvisé par les combattants du Reich, est tué le 14 novembre sur l'éperon rocheux face à la Guinguette, chef de la 338ème Volksgrenadier division, le général Oschmann est l'une des premières victimes de l'offensive en cours, on trouvera sur son aide de camp qui a été fait prisonnier une carte qui dévoilera au profit des alliés tout le dispositif de défense préparé par l'État major ennemi, et c'est en partie grâce à cette découverte que l'offensive sur Montbéliard en sera facilité. Beutal enfin libéré commence à panser ses blessures mais à ceux qui ne sont pas revenus va aujourd'hui notre compassion.
Sur l'initiative de Monsieur le préfet Duboux-Duflon, les communes et les paroisses de Lavaux en Suisse apportèrent à l'époque leur soutien aux sinistrés par la récolte de biens de toutes sortes, couvertures, vêtements, meubles, vaisselle, nourriture et médicaments, de quoi aider et secourir les survivants de ce village, ce geste de fraternité n'a jamais été oublié, spécialement en ce qui concerne la commune de Grandvaux. D'ailleurs, pour leur rendre hommage, nous avons baptisé notre place, place de Lavaux et rue de Grandvaux. Comme chaque année, je veux enfin prononcer le nom et prénom de ces hommes qui ont cru jusqu'au sacrifice aux valeurs de notre Nation. ».
A l’issue de la prise de parole de M. Thierry, une habitante du village lut un poème écrit par M. Raoul Trimaille à l’occasion des 50 ans de la libération du village : Beutal, terre de résurrection. Aux bonnes gens du Canton de Lavaux, écrit pour un prochain cinquantenaire.
« Hommes de tous pays qui passez par Beutal, Coin de terre perdue aux quatre bouts du monde,
Son sol martyrisé, sa mémoire profonde, Jusqu’au souvenir du désastre total.
Sachez que nul arpent de sa terre féconde, Nul cri mélodieux de ses milliers d'oiseaux,
Nul effet de miroir sur l'argent de ses eaux, N'ont failli à panser ses blessures profondes.
Sachez aussi que sur son sol ensanglanté, Des milliers de fleurs se seront concertées,
Pour rendre juste gloire à tous ses enfants morts.
Que leurs plaies et douleurs s'étant bien refermées, Leurs corps disjoints de l'âme, ont pris un jeune essor,
Parmi les fleurs de sang du pays bien aimé ! »
Venait l’instant de rendre hommage aux noms des morts inscrits sur le monument de Beutal.
Raymond Pépier reprit le cérémonial en appelant au dépôt des gerbes, en commençant par celle de la municipalité de Beutal déposée par le maire Roland Thierry accompagné d’un enfant du village, puis celle du département, déposée par Mme Brand conseillère départementale en compagnie de M. Grosperrin sénateur, celle de la région déposée par Mme Chiappa Kiger conseillère régionale et enfin, celle de M. Bloch député accompagné d’un jeune du village.
Ensuite M. Bécoulet 1er adjoint de Beutal réalisa l’appel des morts : « Hommage aux Morts pour la France de la commune de Beutal pour la Guerre de 1914 – 1918 : Certier Ulysse, Vernier Emile, Chavey Julien, Marchand Alfred, Tuetey Edmond, Tuetey Edgard, Muot Abel, Certier Ernest, Certier Lucien, suivi de l’hommage aux victimes civiles de la seconde guerre mondiale de 1939 - 1945, décédées lors du bombardement du 14 novembre 1944, au premier jour de l’offensive de l’armée française de libération du territoire : Aeschlimann Fernand, Certier Adolf, Glardon Gaston, Morel Albert, Mettey Emile, Chavey Fernand, Chavey Louis. »
A l’issue de l’appel des morts, suivi d’une Minute de silence et de la Marseillaise, Raymond Pépier terminait la cérémonie avec le « Chant des Partisans » interprété par les musiciens puis chanté par les participants, avant de demander aux autorités présentes de remercier les porte-drapeaux.
L’assistance était invitée à rejoindre la petite salle communale où un pot de l’amitié offert par les municipalités était proposée pour clore comme il se doit cette matinée de commémoration et se réchauffer un peu.
Encore Bravo et merci pour ces belles cérémonies qui font honneur aux victimes de ces combats de la libération de Longevelle et Beutal.
Date de dernière mise à jour : 12/12/2024