André Mettetal mort au Lomont

Le 13 septembre 2020, Claudine Mettetal a pris la parole au Monument du Maquis à l’occasion de la cérémonie marquant le 76ème anniversaire des combats victorieux livrés par les maquisards en ces lieux.

Devant une assistance nombreuse malgré les mesures sanitaires imposées par la pandémie, elle a évoqué le souvenir de son père, le sous-lieutenant André Maurice Mettetal, chef de section à la 10e compagnie du 4e bataillon des Forces du Lomont, tué au cours du combat d’Ecurcey le 13 septembre 1944.

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André Mettetal est né le 21 janvier 1911 à Chenebier, village du canton d’Héricourt où il a grandi. Tourneur-ajusteur, il travaille aux usines Peugeot à Sochaux. En 1932, il effectue son service militaire dans l’infanterie avant d’accomplir plusieurs périodes d’exercice dans les années 1930.

De nouveau, il rejoint son unité en septembre 1939. En juin 1940, il se réfugie en Suisse comme 29 700 soldats français et 12 000 Polonais appartenant pour l’essentiel au 45e Corps d’armée commandé par le général Daille.

Désarmé, il est interné au camp de la Viamalla près de Zillis dans le canton des Grisons. Comme le rapatriement des militaires français passés en Suisse est autorisé en janvier 1941, André peut rentrer à Chenebier, reprendre son activité professionnelle. Il se marie le 14 février 1942 avec Olga Mignerey et habite Luze.

 

Rapidement, il rejette la présence allemande et s’ingénie à saboter la production sur son lieu de travail. Avec René Nardin et Robert Tournut, il entreprend de regrouper à Chenebier ceux qui veulent entrer dans une résistance active. Son frère Robert est arrêté puis déporté NN (Nacht und Nebel, en français Nuit et Brouillard), au KL (Konzentrationslager, camp de concentration) Natzweiler-Struthof ; transféré au camp de Dachau, il rentrera.

En juin 1944, André rejoint le maquis de la Thure mais au bout de quelques jours, doit rentrer au village, contraint de changer fréquemment de cache. Le 19 août, il rejoint avec ses frères Georges et Pierre les hommes de la 1ère compagnie du secteur de résistance Doubs-Lizaine qui ont ordre de se rassembler dans les bois de Laire. En fin de journée du 20, un convoi formé de 19 camions et de douze motos, franchit à Colombier-Fontaine le Doubs, puis la voie ferrée Dijon-Belfort et par Ecot, Pont-de-Roide, rejoint le maquis du Lomont en cours d’installation sur le plateau de Montécheroux. Il achemine 185 hommes et transporte 25 tonnes de matériel parachutés, des vivres et de l’essence. Accompagné par les hommes de sa section, André Mettetal est chef de bord de l’un des camions.

André prend une part active aux actions menés par le maquis du Lomont :

  • combat pour défendre le camp de base installé au mont Echeroux lors de l’attaque allemande du 22 août
  • engagement à la hauteur du barrage de Soulce le 24 août
  • action pour contrôler les ponts de L’Isle-sur-le-Doubs le 5 septembre, où sa compagnie, la 10e des Forces du Lomont, et quatre corps francs du maquis se retrouvent dans une situation périlleuse.

Le 13 septembre, il participe à la tête de sa section à une reconnaissance offensive menée sur Ecurcey par les hommes de la compagnie franche, de la 10e et de la 11e compagnie et par les tirailleurs du 7e RTA. Devant la résistance opposée par l’ennemi, maquisards et soldats français doivent se replier sous les tirs de mitrailleuses et les explosions d’obus de mortiers.

La 10e compagnie compte 7 blessés et 3 disparus : Paul Rebillard, René Toupense et André Mettetal. Le front se stabilise, le secteur où sont tombés les trois hommes se trouve dans une sorte de no man’s land, ce qui interdit toute recherche.

Après la libération, des maquisards de Chenebier avec le maire, Alphonse Hénisse, et le beau-père d’André, Samuel Mignerez, s’aventurent sur un terrain qui a été miné. Le 28 novembre, ils découvrent les corps sous la neige au milieu des arbres déchiquetés. Les trois patriotes sont-ils morts sur le coup, ont-ils agonisés pendant des heures ?

Veuve après deux ans de mariage, l’épouse d’André ne s’est jamais remariée ; sa fille et elle, ont vécu dans le douloureux souvenir d’André disparu à l’âge de trente-trois ans.

Jean-Pierre Marandin.

Date de dernière mise à jour : 03/11/2021