Cinq patriotes massacrés dans les bois d’Audincourt

 

Ce 2 octobre 2020, soixante-seize ans, jour pour jour, après l’exécution à l’orée du bois de Dasle des résistants Bernard, Defaut et Domon, se déroule une cérémonie du souvenir dans la clairière où furent assassinés deux de leurs camarades, Ohlgiesser et Demany, en ce même automne 1944.

Moments d’émotion à la lecture des noms des cinq patriotes.

Recueillement des proches de ces martyrs, ainsi Madeleine et Françoise, les sœurs d’André Domon, qui, lorsqu’elles passent sur cette route qui relie Audincourt à Dasle, ne manquent pas de regarder le ciel, à la recherche de la dernière image emportée par leur frère au moment de tomber sous les balles.

En retrait, la fragile silhouette d’Andrée Lhomme, 94 ans, elle-même entrée en résistance, murée pour le temps de la cérémonie dans le souvenir douloureux d’un père de 38 ans, Robert Bernard.

Les 25 et 26 septembre 1944, l’occupant déclenchait à Montbéliard une opération de répression contre les résistants d’une section FFI recrutée par des responsables du mouvement Libération-Nord.

Etaient particulièrement visés deux responsables du syndicat CFTC, ouvriers à Automobiles Peugeot et investis dans le combat clandestin : les chefs de famille Robert Bernard, trois enfants et Henri Domon, dix enfants. Au domicile de ce dernier, quartier de la Citadelle à Montbéliard, le père leur échappait mais ses deux fils, André 19 ans et Bernard 18 ans (déporté, il rentrera) étaient arrêtés, ainsi que, peu de temps après, Robert Bernard, l’ami de toujours d’Henri.

Bernard, le fils Domon et son camarade André Defaut, 19 ans également, tombèrent sous les balles des miliciens français commandés par le lieutenant allemand Krüger, un criminel de masse qui a laissé dans son sillage des morts par milliers en Pologne avant de procéder à des centaines d’arrestations, déportations et exécutions en Saône-et-Loire puis dans le pays de Montbéliard.

Ce même 26 septembre 1944, deux cadavres, leurs visages rendus méconnaissables à coups de bottes, étaient découverts sur la gauche de la route d'Audincourt-Dasle. C’était là que l’ingénieur Frédéric Ohlgiesser, un citoyen roumain né en 1918, avait été assassiné le 7 septembre par les tortionnaires du Sicherheitsdienst. Le lieutenant FFI commandait le secteur de résistance M, celui qui comprenait Montbéliard et les localités proches de la ville. Son jeune camarade Hervé Demany, 21 ans assurait, lors de son arrestation intervenue trois jours avant la funeste journée du 7 septembre, la liaison entre le secteur M et le maquis du Lomont.

Jean-Pierre Marandin.

Photos Mémoire et Souvenir de la Résistance du Pays de Montbéliard et du Lomont.

Date de dernière mise à jour : 04/10/2020